Est Républicain du 17-02-2002
Nous voulons la vérité
Trois anciens élus communautaires (majorité et opposition) veulent créer un "comité de surveillance". Estimant avoir prévenu dès 96 des risques de "désastre" du projet
"Quand on est militant, c'est pour toute sa vie. Et l'activité politique ne s'arrête pas avec la fin d'un mandat"
C'est dit. En guise sans doute de réponse préalable à ceux qui verrait là un moyen de s'afficher ou de régler des comptes ! Et s'ils se retrouvent côte à côte, c'est autour de la "notion d'intérêt général", parce qu'il "faut arrêter la politique politicienne sur les dossiers locaux" et que la "remise en service du tram ne justifie pas la fin du débat". D'autant que se profile la ligne 3.
Gérard Benhamou, Evelyne Gareaux et jean Jacques Guyot n'étaient pas vraiment sur les mêmes bancs à la communauté urbaine. Les deux premiers étaient conseillers délégués et vice-présidente de la majorité, le troisième membre du groupe socialiste d'opposition. S'ils ne siègent plus, au Grand Nancy, ils viennent pourtant de co-signer une même lettre ouverte ! Qui ajoutera sans doute au climat polémique qui entoure la prochaine remise en service du tram.
"Contre"
Les trois anciens élus communautaires annoncent ainsi pour cette semaine une réunion "élargie et ouverte à tous" pour la constitution d'un comité de surveillance", afin d'éviter un milliard de plus pour un rail de moins". Et de réclamer aussi "la vérité" sur le dossier transport, devant "l'étendue du désastre"
Retournement de veste pour certains ? "On a voté contre" se défend Gérard Benhamou. "Dire qu'il n'y avait pas d'opposition à l'époque, c'est faux, même si elle était étouffée. Cette opposition traversait l'ensemble des courants". Et de marteler avec Jean Jacques Guyot :"nous avions prévenu dès 96, montré les erreurs de tracé des lignes, dénoncé l'occasion manquée dde repenser les services et le développement de l'agglomération avec une vraie stratégie urbaine. D'autres ont annoncé que le matériel acheté en catimini ne serait pas opérationnel. D'autres encore aujourd'hui estiment qu'on leur a menti pour obtenir leur accord"
"Le secret"
La lettre qu'ils paraphent dénonce ainsi en vrac un "contrat avec l'industriel (Bombardier) qui n'a "jamais été pensé dans son ensemble", "l'absence de concertation", "la précipitation de l'inauguration", "la politique a tout prix", "le secret des décisions qui transforment la communauté urbaine en chambre à enregistrer".
Les signataires s'interrogent aussi sur un "trolley tram" qui finira par marcher seulement avec une assistance technique permanente".
Se demandent pourquoi, après 15 mois, il n'y a aucune information fiable sur les surcoûts, les techniques, les responsabilités ?
Nous ne sommes pas un groupuscule d'anciens ! On a fait notre boulot en dénonçant les incohérences. On veut clarifier le dossier
Comme quoi le redémarrage du tram promet aussi d'être très politique. Même si les usagers attendent d'abord de pouvoir enfin monter à bord !
"Aucun souvenir d'accident"
La tension n'en finit donc plus de monter autour du tramway, à l'approche d'une annonce d'autorisation de remise en service que beaucoup estime imminente. Si le dossier est encore à l'instruction dans les services de l'Etat, le tram poursuit d'ailleurs ses essais.
Il n'aurait connu la semaine dernière qu'une seule panne de type 4 (nécessitant de débarquer les passagers) et une seule aussi de type 3 (retour au dépôt en fin de ligne).
Mais les "syndicats de la CGFTE ont allumé une nouvelle polémique en coulisses en dénonçant la "dissimulation d'un accident survenu, dans des conditions similaires à celui d'Essey sur le site expérimental de Thiais" Il y a maintenant cinq ans. Signe sans doute que l'on va désormais faire feu de tout bois !
Pas de réplique officielle du côté du Grand-Nancy même si l'on réfutait dans les couloirs. en attendant le verdict des services de l'Etat qui continuent d'éplucher tous les éléments de sécurité, tant du côté du matériel que de la ligne, dans ses parties guidées et non guidées.
Au micro de nos confrères de France Bleu Sud Lorraine, deux anciens machinistes de la RATP, figurant au rang des treize qui avaient participé aux essais du tram, ont pourtant indiqué n'avoir " aucun souvenir d'un accident ". A l'exception peut-être "d'accrochages bénins" dû à des difficultés de circulation (notamment en fin de ligne pour regagner le dépôt) et tout à fait classiques sur n'importe quel réseau de transport. "On a eu dés problèmes de rodage normaux au début, car il fallait mettre au point ", "ce véhicule se conduit comme un véhicule normal" ont également précisé les anciens chauffeurs.
Ghislain UTARD
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