Infodujour du 23-05-2002





Le tram est-il déjà usé ?

Le maire d'Essey-les-Nancy, Michel Stricher, vient d'adresser aux pouvoirs publics ses "commentaires et critiques" à propos du tram. Un document de onze pages. Edifiant.



  "En mon âme et conscience, je tire la sonnette d'alarme". Michel Stricher, directeur départemental de l'Equipement honoraire et expert de la Banque Mondiale en matière de transports publics vient de prévenir le préfet et le président de la CUGN des défauts voire des dangers que représente l'engin conçu par Bombardier quelques mois seulement après sa mise en service commercial.

Le maire d'Essey dresse un long catalogue des défauts du tram exploité sur la ligne N°1. Notamment un comportement dit "en queue de scorpion" (les caisses ont tendance à se déporter ou à balancer) "dû vraisemblablement à une usure d'un élément du système monotrace. Six engins ont d'ailleurs été récemment retiré de la circulation".

Usure des galets provoquant des vibrations et des bruits parasites inquiétante pour l'avenir. Usure du rail de manière irrégulière sur le trajet. Absence d'aiguillage (la télécommande n'a jamais été commandée). Manque de continuité du rail. Visibilité toujours défectueuse depuis le poste de conduite. Usure du revêtement dans les sections guidées. Problèmes de freinage....
  Bref, le tram fonctionne mais, selon Michel Stricher "il vieillit trop rapidement" et présente toujours des risques graves pour les passagers et pour la circulation dans l'agglomération. "Cet engin qui, en théorie présentait tous les avantages du bus routier et du tram sur rail se révèle être un engin hybride cumulant les inconvénients de chaque système ".

Que faire? " Il faut désigner un expert compétent et indépendant qui donne son avis sur ce véhicule et précise les corrections possibles " explique Michel Stricher. "Car le tram ne fonctionnera pas longtemps tel qu'il a été conçu. On va à la catastrophe".

Le maire d'Essey a en outre passé au tamis les 198 délibérations de la CUGN relatives aux marchés publics du tram. Ainsi, environ 200 contrats, marchés ou dépenses diverses ont été engagées pour la ligne N°1 du tram. Lorsqu'on les additionne, on trouve la coquette somme de 1.400 milliards de francs et non plus 910 MF comme prévu. Qui va payer? Une belle bataille d'experts judiciaires en perspective...
 


23 Mai 2002 Emilien LACOMBE

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