Infodujour du 16-11-02

Nancy : l'enquête après le déraillement du tram







Les questions sont sur toutes les lèvres après le déraillement du tram ce samedi 16 novembre à 15h30.
Erreur humaine ou problème technique ?
L'enquête le dira sans doute. Pour l'heure, il est essentiel que l'engin de 3 tonnes n'a blessé personne, ni à l'intérieur ni sur le trottoir.
Plus de peur de mal, une fois encore.
 

Triste après-midi d'automne sur Nancy ce samedi. Une nouvelle fois, le tram fait parler de lui. Pourtant, il fonctionnait mieux depuis la rentrée. Les débats sur les indemnités de retard à la livraison (la Communauté Urbaine du Grand Nancy réclame 10 millions d'euros d'indemnités à Bombardier, le constructeur) ont déplacé l'actualité sur les finances et on avait presque oublié les problèmes techniques qui persistent.

Un tracé en "S"

Quelle que soit la cause de ce déraillement, nous pouvons nous interroger sur le tracé du tram à cet endroit. Au niveau du pont qui surplombe les voies ferrées, le rail fait un "S" très serré qui donne une impression de "rattrapage" in extremis.

Pourquoi ?

En fait, le tracé initial était droit (il devait passer place Maginot, entre la Fnac et le café de la Paix) et le tram devait accoster dans le prolongement de son chemin. Le tracé étant détourné vers le début de la rue Saint-Jean, on a du déplacer ledit quai de trois mètres sur la droite (si l'on se place face à la place de la République) parce que la circulation routière en aurait été par les véhicules qui tournent à droite (pour aller vers le centre de tri postal et les quartiers Charles III). Bloquées à un feu pour les empêcher de "couper" la voie du tram, ces véhicules créaient un goulot d'étranglement sur cet axe de circulation important.

Aussi, sur 80m, le tracé du tram "décroche" sur sa droite, ce qui a permis de créer une troisième voie de circulation automobile à cet endroit (en coupant une "piste cyclable imaginaire !"). Artificiel, ce décrochage a déjà été le lieu d'un premier déraillement le 19 mai 2002 car ce "gauche-droite serré" est difficile à négocier au delà de 5 km/h !
 

Vitesse excessive ?

Alors que les enquêteurs scrutaient hier le rail central, après avoir retiré la rame qui a roulé plus de dix mètres en dehors de son sillon, toutes les hypothèses sont permises quant aux causes de ce nouveau déraillement : défaillance technique, vitesse excessive, défaut sur le rail, obstacle. Les deux dernières hypothèses semblaient rapidement écartées.

Selon un témoin qui prend cette ligne de transports en commun plusieurs fois par jour, "après avoir démarré après la place Maginot, le tram s'est élancé avec la puissance qu'on lui connaît. Il n'a pas ralenti à l'entrée du virage et l'a négocié trop vite !" Olivier R., qui était placé à l'arrière de la rame, ajoute : "dans le premier virage, on a été bousculés et les gens râlaient. Le tram était bien rempli en ce samedi après-midi. Il est ensuite sorti de sa trajectoire et a déraillé. On a été très bousculés, sans comprendre ce qui se passait. Il s'est arrêté à quelques mètres du trottoir et en sortant, on a bien compris que l'on avait limité les dégâts car le tram aurait pu faucher les personnes qui étaient sur le trottoir !"

Rappelons que le chauffeur n'a aucune maîtrise de la direction de l'engin en mode guidé : en cas de problème, il ne peut pas corriger sa trajectoire. Il a par contre la responsabilité de sa vitesse, notamment en ces endroits difficiles. Allait-il trop vite dans ces virages serrés ? A quelle vitesse peut-on réellement aller à 300m suite à un départ arrêté ?

L'enquête permettra sans doute de montrer quelle est la vitesse limite, sous la pluie, au-delà de laquelle le tram est sûr de dérailler...

16 Novembre 2002
Jérôme MARCHAL
 


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